Les inclusions dans l'ambre

L’ambre est une substance extraordinaire car il s’agit de résine végétale fossilisée qui a enregistré des informations uniques sur les animaux, les plantes, et les environnements du passé. La fossilisation de la résine est un événement rare dont les processus ont peu transformé la nature initiale de la résine. Ainsi l’ambre a très bien préservé ses inclusions, qui ont été protégées des altérations les plus profondes.

Ces inclusions sont le plus souvent des micro- ou des macro-organismes, animaux et végétaux (champignons, pollens, feuilles, fleurs, insectes, lézards, plumes, poils, etc.). Un morceau d’ambre est véritablement une fenêtre vers le passé, à l’origine de découvertes extraordinaires qui n’en finissent pas de bouleverser notre vision des anciens écosystèmes (du Carbonifère au Miocène, soit de -350 à -5 millions d’années). Depuis la préhistoire l’ambre est une substance précieuse pour l’homme (gemme « organique »), il est souvent associé à des pratiques de médecines traditionnelles un peu partout dans le monde. C’est aussi une célébrité cinématographique car la série Jurassic Park débute avec la découverte d’’ADN de dinosaures dans des moustiques fossilisés dans l’ambre, ce scenario est cependant toujours du domaine de la science-fiction.


Il existe différents types d’ambre (translucide, opaque, etc.) de différents âges et de différentes régions du monde. Les ambres sont assez fréquents et on les trouve associés à des sédiments et des restes végétaux souvent transformés en charbon (lignite), mais ils ne contiennent pas toujours des inclusions. L’origine botanique de ces ambres est variable, elle peut provenir de conifères (comme des pins) ou d’autres arbres comme les légumineuses (comme des acacias). L’ensemble des résines sub-fossiles est appelée copal. Les ambres et copals présentent parfois des inclusions dont l’intérêt est souvent lié à la datation des couches géologiques qui les contiennent. Il n’est pas toujours facile d’obtenir l’âge et la localisation des ambres, en particulier pour ceux que l’on trouve le plus fréquemment (ambre de la Baltique, du Mexique, de la république Dominicaine, de Birmanie, de Chine) car il n’existe pas de méthode de datation absolue. Des études précises doivent être réalisées sur les couches géologiques lorsque que cela est possible. Les inclusions étudiées sont de toute nature, animale et végétale, mais les insectes sont particulièrement nombreux dans la plupart des ambres et des copals. Depuis peu les micro-inclusions sont aussi étudiées (algues, champignons, pollens, etc.).

Lorsque ces ambres sont translucides les inclusions peuvent être étudiées après un polissage ou une préparation simple. Certains ambres sont opaques et ce n’est que récemment que des méthodes permettant l’analyse radiographique et la reconstruction en 3D des inclusions ont permis d’étudier les inclusions de ces ambres. Les méthodes 3D sont bien entendu également utilisées pour les ambres translucides car elles facilitent l’étude des inclusions grâce à une visualisation et une manipulation virtuelle de l’ensemble du ou des organismes.

 

Romain Garrouste – UMR 7205 - MNHN


Fourmi actuelle récemment engluée dans une coulée de résine végétale (copal en formation) d’Agathis (Araucariacées), Nouvelle-Calédonie. (photo Romain Garrouste - MNHN)

Fourmi Crematogaster scutellaris prise dans une coulée de résine de pin maritime. La sécrétion de résine est souvent provoquée chez ce pin par des attaques de cochenilles Matsucoccus (Hémiptère). Réserve Biologique Intégrale du Massif des Maures. La résine de Conifères est à l'origine de l'ambre balte (Eocène, -50Ma). (photo Romain Garrouste - MNHN)

 

Cliquer ici pour manipuler en 3D les reconstitutions de l'insecte coléoptère (ambre de l'Oise, Eocène, -50 millions d'années) et des interactions entre fourmis et termites (ambre du Mexique, Miocène, -15 millions d'années).