Rat-taupe nu

Les rats-taupes nus appartiennent à l'ordre des Rongeurs. Ce large groupe compte plus de 1700 espèces actuelles (souris, capibaras, écureuils, etc.) avec des animaux aux modes de vie très variés. Par exemple, il y a plus de 250 espèces de rongeurs capables de vivre sous terre de la même manière que les taupes (qui, elles, ne sont pas des rongeurs !).

Le rat-taupe nu est l’un de ces rongeurs fouisseurs au mode de vie souterrain.

Cet animal présente de nombreuses particularités. Tout d'abord, le rat-taupe nu est l’une des deux seules espèces de mammifères dits eusociaux (avec le rat-taupe de Damara). L'eusociabilité est une organisation sociale au sein de laquelle les individus sont répartis en castes ayant chacun un rôle à jouer dans la colonie et impliquant des modifications morphologiques en fonction des castes. On retrouve cette organisation chez les fourmis et les abeilles.

Le rat-taupe nu est, de plus, insensible à la douleur et est hyper-résistant au cancer. Ses caractéristiques anatomiques sont étonnantes. Long d’une dizaine de centimètres, son apparence sans poils et à la peau plissée est une adaptation à la vie souterraine : l'absence de fourrure et la mobilité de la peau permettent une meilleure agilité dans les tunnels étroits. Toujours pour une question de mobilité souterraine, le pavillon de l'oreille est fortement réduit. L'absence de lumière rend les yeux inutiles et se trouvent atrophiés. Les grandes moustaches, appelées vibrisses, sont les principaux organes de perception de l’environnement souterrain. Les incisives sont longues et massives, et passent à travers les babines supérieures. Cette adaptation permet à l'animal de creuser avec ses dents sans ouvrir la gueule afin d'empêcher la terre d’y pénétrer.

Ce rat-taupe nu provient du « pays des Somalis » de la corne de l'Afrique (péninsule de l’Afrique de l’est située en dessous de la Mer Rouge). Il est conservé depuis 1884 dans une solution d’alcool. Ce spécimen a été tomographié au synchrotron ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) de Grenoble. Une méthodologie adaptée a permis de radiographier les tissus mous sans ajouter d’agent de contraste, qui aurait abîmé ce précieux spécimen. L'oreille interne de ce spécimen est actuellement en cours d’étude. Cette structure comporte les organes de l'audition (cochlée) et de l'équilibre (système vestibulaire). L'étude comparative de la morphologie de l'oreille interne de mammifères, actuels et fossiles, va ainsi permettre aux chercheurs de comprendre les étapes évolutives de ce mode de vie fouisseur.


Charlène Selva – UMR 7207 - MNHN

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Rat-taupe Squelette
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